Français: Blog sur la thèse de doctorat d'Eric Pasquati, dont le thème est l'appropriation des technologies de l'information et de la communication (TIC) par des agriculteurs ouest-africains.

English: Eric Pasquati's PhD concerning the appropriation of ICT by farmers in West Africa. Please, fell free to leave your comments in English.

Português: Tese de doutorado de Eric Pasquati sobre a apropriação das tecnologias da informação e da comunicação (TIC) pelos agricultores da
África do Oeste. Será um prazer discutir também em Português sobre o tema.

Español: Tesis de doctorado de Eric Pasquati sobre la
apropiación de las tecnologías de información y de la comunicación (TIC) por los agricultores del África de l'Oeste. Sientan la libertad de dejar también sus comentarios en español.

7 août 2008

Visite à l'Union Provinciale de Producteurs de Coton de Houet

Avec : Oumarou Savadogo, coordonnateur de l'Union Provinciale des Producteurs de Coton de Houet (UPPC de Houet); Karim Ouattara, secrétaire général de l'UPPC de Houet; Teremagan Traoré, trésorier général de l'UPPC de Houet et président de l'union départementale de Fo; et Emmanuel BoroKié Sanou, vice-président de l'UPPC de Houet et président de l'union départementale de Bobo-Dioulasso.
Quand : le 27 juin 2008
Où : au siège de l'UPPC de Houet
Objet : circulation d'informations entre les différents niveaux institutionnels de la filière cotonnière au Burkina

L'objectif de cette visite était d'avoir un deuxième point de vue (de cette fois au niveau provincial) sur le système d'informations des producteurs de coton burkinabais. Nous avons discuté principalement sur la dynamique d'échange d'informations entre les divers niveaux institutionnels et sur les moyens de communication utilisés (la flotte, la radio, des affiches, l'email, le bouche-à-oreille).

Les producteurs se réunissent périodiquement au sein du GPC (groupement de producteurs de coton) pour discuter à propos des exploitations. Quand ils sentent avoir besoin d'une aide particulière pour traiter un sujet spécifique où quand ils veulent faire passer un message, ils demandent la présence d'un élu de l'union départementale. Cet élu profite souvent de l'opportunité pour faire passer d'autres informations qu'il a pu avoir par ailleurs. De retour à sont poste, l'élu de l'union départementale entre en contact (par téléphone, ou en se déplaçant) avec des élus de l'union provinciale ou nationale pour les informer des demandes venant du terrain. En plus des cas où la présence de l'élu d'un niveau supérieur est demandée pour une réunion spécifique, des réunions extraordinaires d'information et des missions de sensibilisation sont aussi organisées sporadiquement (par exemple, 3 à 4 équipes d'une union départemental parcourent les villages pour diffuser des informations sur une nouvelle technique agricole). Les conseilleurs techniques ont aussi un rôle important dans la circulation de l'information. Ils profitent de leur mobilité entre le terrain et les centres institutionnels (de l'union de producteurs ou des compagnies cotonnières) pour faire passer des messages dans les deux sens. Le bouche-à-oreille reste un moyen privilégié de communication.

Avant l'existence de la flotte (*1), aussi bien des élus que des technicien avaient souvent besoin de se déplacer pour transmettre une information, surtout quand il s'agissait d'une urgence. L'utilisation des téléphones portables a permis une réduction brusque des déplacements – au moins pour ceux qui y ont accès (pour l'instant seulement les niveaux national et provincial). Cohérente avec la culture locale d'oralité et le fort taux d'analphabétisme, l'utilisation des téléphones portables se résument, dans la grande majorité des cas, à des échanges oraux (des messages écrits ne sont que rarement utilisés).

Les informations circulent donc entre les élus, les techniciens et font leur chemin jusqu'aux GPC. Si néanmoins une information doit être diffusée à un très grand nombre de GPC et avec une certaine urgence, la radio (*2) est utilisée.

L'utilisation de l'ordinateur et conséquemment de l'email est très réduite, se résumant à quelques messages échangés entre les niveaux national et provincial – la grande majorité des villages ruraux n'ont même pas d'électricité, et là ou cela n'est pas le cas, l'accès à une connexion internet reste très couteux. Dans le bureau de l'union provinciale de Houet il y a une connexion internet, mais elle est lente et n'est pas fiable. Le coordonateur de cette union, Monsieur Savadogo, reçoit par email des documents de la part de Madame Somda (responsable de communication de l'UNPCB), comme la news letter de l'AProCA, et d'autres lettres d'information (de l'AFD, Grain de Sel, entre autres). Il imprime ces que lui semble plus intéressant et les affiche dans un panneau d'affichage au siège de l'union provinciale. Les élus et techniciens qui passent par là peuvent lire les informations sur le panneau et les transmettre au niveau des départements. Parfois des documents sont envoyés par la poste, mais ce service n'est pas non plus très fiable.

Emmanuel BoroKié Sanou m'a parlé, à la fin de l'entretien, de l'intérêt qu'il pourrait avoir dans la transmission de connaissances entre les agriculteurs – surtout pour que les plus âgés comme lui puissent donner des conseils aux plus jeunes. Cela montre bien que la volonté d'échanger des connaissances et de savoirs-faires existe. Si la flotte a permis une meilleure circulation des informations au sein de la filière cotonnière au Burkina, il me semble qu'elle reste encore très limitée – aussi bien en termes de nombre de bénéficiaires (l'UNPCB n'a pas les moyens d'éteindre l'accès à la flotte à tous ces membres) que d'applications offertes (pour l'instant limité à des échanges oraux conventionnels) – pour permettre le développement des systèmes d'échange de connaissances. En plus, il faut penser à concevoir des systèmes qui soient facilement appropriables par des personnes ayant eu peu ou aucune formation, si possible explorant l'oralité qui est si chère aux Burkinabais. Monsieur Sanagoroké est semi-analphabète et l'ordinateur semble encore lui faire peur. Mais il se débrouille bien avec son portable. Allier la flotte à des émissions interactives à la radio peut s'avérer une piste à explorer!

(*1) Il s'agit d'un contrat préférentiel signé entre l'opérateur de téléphonie mobile Celtel et l'UNPCB, permettant la communication illimitée entre un nombre donné d'appareils téléphoniques portables, contre le payement d'un abonnement fixe par mois (voir détail dans l'article Visite à Celtel).
(*2) pour quelques détails sur l'utilisation de radios dans la diffusion de messages par l'UNPCB, voir l'article Visite à l'UNPCB.

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