Français: Blog sur la thèse de doctorat d'Eric Pasquati, dont le thème est l'appropriation des technologies de l'information et de la communication (TIC) par des agriculteurs ouest-africains.

English: Eric Pasquati's PhD concerning the appropriation of ICT by farmers in West Africa. Please, fell free to leave your comments in English.

Português: Tese de doutorado de Eric Pasquati sobre a apropriação das tecnologias da informação e da comunicação (TIC) pelos agricultores da
África do Oeste. Será um prazer discutir também em Português sobre o tema.

Español: Tesis de doctorado de Eric Pasquati sobre la
apropiación de las tecnologías de información y de la comunicación (TIC) por los agricultores del África de l'Oeste. Sientan la libertad de dejar también sus comentarios en español.

9 déc. 2008

Article – Balandier, 2008

Auteur : Georges Balandier
Titre : L'Afrique sait ce qu'elle est
dans: Afrique ambiguë
Maison d’édition : Plon
Année : 2008
Mots clés : Afrique, incompréhension par l'occident

Dans cette préface de l'édition de 2008 de l'Afrique ambiguë, l'anthropologue français Georges Balandier parle de la méconnaissance de l'occident par rapport à l'Afrique, et des conséquentes erreurs d'interprétation du contexte africain.
"L'Afrique, elle, sait ce qu'elle est. Elle l'a toujours su, mais nous en Occident, et beaucoup d'autres aussi, avons simplifié sa complexe réalité, ignoré sa force d'être et de maintenir ce qu'elle est, par notre incapacité peut-être, par paresse et calcul surtout." (p.I)
Pour Balandier, s'il y a encore des situations inacceptables, il y a aussi des processus de changement vers la démocratie, le développement, la reconnaissance des droits de l'homme…

Je voudrais seulement souligner un passage que me semble particulièrement parlant sur l'incompréhension du contexte africain par les occidentaux et l'insistance sur un modèle d'assistance venant de l'extérieur, comme si des solutions locales ne pouvaient pas émerger. Parlant du cas de "L'Arche de Zoé" qui "a prétendu évacuer en France une centaine d'"orphelins du Darfour", destinés à des familles d'accueil qui ont contribué financièrement à l'opération" (p.IX), Balandier dit que
cette affaire "manifeste la méconnaissance des rapports sociaux africains, des symboles et pratiques que les expriment, elle montre le maintien d'une imagerie qui fait accroire aux gens que les remèdes à une supposée incapacité africaine doivent nécessairement venir "du dehors"" (p.X)
Il cite la conclusion de Régis Debray sur ce type de dérive humanitaire:
pour meilleur, une charité sans frontières, pour le pire, "l'insouciance de ce qui fait que l'autre est un autre, et non pas le faire-valoir de notre suréminence." (p.X)

8 déc. 2008

Réunion point d'avancement à FARM 08déc08

Avec : Jean-Marie Blanchard, conseilleur professionnel pour la thèse. et Solène Morvant, chef de projet microfinance à FARM
Quand : le 08 décembre 2008, de10h à 12h
Où : à FARM
Objet : présentation et discussion sur le cadrage de la thèse

sur le cadrage:
  • il faut laisser claire ce je que compte faire, la valeur ajoutée de mon travail par rapport aux recherches qui ont déjà été faites.
  • Blanchard dit qu'il faudrait citer des projets appuyés par la BM et l'OCDE pour montrer que dans la majorité des cas l'approche choisie n'est pas celle de l'adaptation aux réalités locales avec un rôle central des acteurs locaux.
  • Solène dit qu'il est important de citer des études qui sont à la base de quelques conclusions présentées, de façon à laisser claire la légitimité scientifique de ces conclusions.

sur le vocabulaire:
  • "appropriation" est plus précis que "utilisation", Blanchard croit que le danger d'interprétation comme prescription des objets techniques existe dans les deux cas, donc l'idéel serait d'utiliser le premier terme et de laisser toujours claire l'approche socioculturelle et l'attention aux besoins exprimés par les agriculteurs. Un terme à éviter est "adoption" des technologies!
  • Blanchard suggère de parler plutôt de "services" que de "technologies", finalement c'est l'information que nous intéresse, l'objet technique derrière est relatif ("on peut faire de la téléphonie avec internet et vice-versa").
  • faire attention à la présentation de l'approche de l'innovation et bien préciser que, même si le nom de l'approche ne le précise pas, il s'agit d'une innovation technique, que cette approche ne tient pas en compte des innovation méthodologiques et des usages effectifs.

sur le fond:
  • Solène suggère la lecture des sujets de la construction sociale des marchés et de l'inégalité d'accès à l'information, elle me donnera des références.
  • Solène suggère qu'il serait important d'étudier le discours des usagers sur les TIC. Elle donne un exemple intéressant sur la représentation des concepts étrangers par des locaux qui rend évident le volet symbolique de cette représentation: l'utilisation du mot "corde" pour signifier "dette", car celle-ci attache, limite la liberté. Elle a rappelé que les africains sont très imagés.
  • Sur le détournement de priorités en Afrique, Blanchard parle d'enquêtes faites au Mali, et dit que des nombreuses personnes qui déclaraient d'un côté ne pas arriver à équilibrer leurs budgets, étaient par l'autre côté prêtes à dépenser 1000 FCFA par semaine avec le téléphone portable. Cela non pas en raison d'une question de reconnaissance sociale, mais de besoins concrets par rapport à des liens sociaux. D'autres études semblent montrer qu'une augmentation de consommation avec le téléphone portable engendrait une diminution de la consommation de bière.

sur la méthodo:
  • Solène va me suggérer des références sur des outils méthodologiques, parfois quantitatifs, qui peuvent être intéressants (présentation des résultats avec des graphiques en toile d'araignée).
  • Solène dit aussi qu'il ne sera pas facile d'isoler la par des TIC dans les influences sociales étudiées.

sur le terrain:
  • Solène a attiré l'attention à l'importance de rester ouvert à l'expérience du terrain, étant toujours prêt à adapter les approches et mêmes les questions selon la réalité rencontrée sur le terrain.
  • Blanchard considère qu'une bonne échelle pour le terrain serait la zone d'actuation d'une OP, l'important étant d'intégrer dans l'analyse tous les maillons de la chaine de production (mais aussi la chaine d'information, n'est-ce pas?...).
  • il serait intéressant de privilégier des zones de production vivrière.
  • Blanchard suggère le repérage de 4 ou 5 cas pour ensuite procéder au choix du plus pertinent.

général:
  • Dans le même esprit de la visite d'expériences en Inde, Blanchard suggère qu'il serait instructif de regarder des expériences en Afrique de l'Est.
  • Blanchard suggère le film "Bamako".

Merci à Monsieur Blanchard et à Solène de l'attention et de ces suggestions!

5 déc. 2008

Rdv avec Alain Retiere

Avec : Alain Retière
Quand : le 05 décembre 2008, de 15h15 à 16h15
Où : FARM
Objet : point d'avancement de la thèse

Quelques points abordés par Alain dans ses commentaires sur la thèse:
  • la question de l'échelle de la recherche: le terrain d'étude sera un village, un groupe de villages, une région, …? Selon lui il serait intéressant de ne pas trop limiter l'étendu du terrain (en pratique, ne pas faire la recherche sur un seul village!), car en communication il faut prendre en compte la notion de réseau, exposée dans la suite.
  • la notion de réseau: importance de l'interaction des membres de la communauté avec des acteurs extérieurs dans la circulation de l'information. Alain dit que probablement le rôle du téléphone portable, par exemple, n'est pas essentiel pour la communication au sein d'un même village, mais dans le contact de ce village avec d'autres centres. Il dit qu'il serait intéressant de comparer un village qui a l'accès aux TIC et que les utilise et un autre que ne l'a pas.
  • les signes extérieurs dans l'utilisation des objets techniques: des postures, des manipulations (comment l'usager joue avec l'objet, même en dehors du cadre spécifique d'utilisation), des comportements. Il souligne l'importance de la signification symbolique de ces objets. Exemple du "chef" africain qui "n'a pas de cartable", qui a tout sur soi, et que tient le téléphone portable à la main, même sans l'utiliser, peut-être comme un symbole de pouvoir.
  • l'intérêt d'aller voir comment se passe l'utilisation des TIC dans des villages indiens (donner préférence à voir directement sur le terrain, avec les agriculteurs), et peut-être aussi dans d'autres pays, comme le cas du Nicaragua (où, en raison d'une initiative privé, le réseau de fibres optiques s'est énormément développé de façon que quelques villages sont passés d'un état de non connexion, directement à la connexion de haut débit).
  • possible différence de nature des savoirs construits de façon traditionnelle d'un côté, et avec des informations véhiculées par les TIC de l'autre? à explorer.
  • à creuser: protocoles ethnographiques ou ethnologiques? ou psychosociologiques? ou anthropologiques?

Alain s'intéresse beaucoup à l'eGouvernance et au potentiel des TIC de générer des nouvelles marges de manœuvre pour les usagers, vis-à-vis des systèmes, des institutions en place. Pour illustrer il fait allusion à a façon par laquelle les personnes d'une petite communauté éluent leurs représentants politiques. Il dit qu'en beaucoup de cas, les personnes choisissent celle parmi elles qui a le plus grand contact avec l'extérieur. Il cite aussi l'exemple des 2 chefs pour les peuples descendants des Mayas: le chef "espagnol" (même si c'est un locaux c'est quelqu'un qui est proche de la logique d'exploration d'un pouvoir officiel, et normalement loin du terrain, du travail de la population) et le chef "du travail", celui dont la légitimité est basé sur son autorité dans les activités concrètes de la communauté. Dans une bonne partie des cas, les élus des petits villages y passent dans le moment des campagnes électorales (aussi pour faire leurs promesses…), et après l'élection, vont vivre en grande ville. Ces mêmes élus vont passer dans les villages de temps en temps et dire ce qu'ils veulent sur ses activités parce que personne n'est en mesure de confirmer ou infirmer ce qu'il dit. Alain espère que l'utilisation des TIC pourra donner aux usagers accès direct à des informations permettant un plus grand contrôle, de façon qu'ils puissent s'en passer des médiateurs dans les circuits de l'information. C'est certainement une problématique intéressante. Même n'étant pas au sein de la thèse, il vaut la peine la garder dans un coin de la tête et prendre en compte des enjeux d'eGouvernance également.

2 déc. 2008

Réunion avec CM

Avec : Claude Meyer, directeur de thèse
Quand : le 01 décembre 2008, de 16h45 à 17h15
Où : Gare d'Austerlitz
Objet : commentaires sur le texte du cadrage

Une très brève réunion pour avoir quelques commentaires de CM sur le document de cadrage de la thèse. Il est content avec le résultat de ce travail mais rappelle que je suis en retard et donne plusieurs suggestions.
  • il faut être plus spécifique par rapport aux objets techniques qui seront pris en compte, évitant allusion générale aux TIC. Il avait suggéré le téléphone portable, mais il est d'accord pour inclure également l'internet, en sachant qu'il va falloir préciser comment aborder l'utilisation de ces objets. Il me semble que l'idée est d'aborder la complémentarité entre ces deux technologies. CM affirme, néanmoins, qu'en termes de méthodologie il faut passer par une approche comparative entre les deux.
  • dans ce sens, il faut définir "téléphone portable" (voir travaux de Patrice FLICHY) et "usages d'internet" dans le contexte de notre intérêt.
  • il faut explorer davantage d'auteurs Africains.
  • il faut explorer les autres langues: PT et EN.
  • pour la méthodo, il vaut mieux continuer de lire des articles et essayer d'identifier quelle est la méthodologie utilisée par les auteurs en question (éviter d'aller vers des bouquins spécifiques, ou des dictionnaires de méthodo).
Suggestion de points à aborder:
  • l'opposition entre sociétés moderne et traditionnelle (monde que ne change pas, où l'innovation n'est pas bien vue, registre de croyances, rôle de l'analogie)
  • la différence entre les représentations individuelle, sociale et collective (voir livre Meyer);
  • les couches culturelles (demander référence à Meyer – je n'ai pas trouvé "Gert Geersted")
On n'a pas eu le temps d'aborder plusieurs questions… comme l'intérêt et le timing pour étudier la typologie des exploitations agricoles, et le choix du terrain.

CM m'a demandé pour d'ici quinze jours une vingtaine de pages avec l'évolution des ces recherches, approfondissant la problématique.