Quand : le 16 juin 2008
Où : au siège de l’ASPRODEB, Dakar, Sénégal
Objet : les Pëncs, le projet PSAOP, problèmes des systèmes d’information ruraux, espoir de développement local
Dans la même journée j’ai eu l’opportunité de discuter avec Amadou à deux reprises, en fin de matinée et en fin d’après-midi – on avait trop de choses à dire, il me semble ! On a discuté principalement sur les Pëncs (voir article"Les Pëncs") et le projet financé par la Banque Mondiale dans le cadre duquel ces centre d’informations ont été mis en place (PSAOP, voir détails dans l'article "CNCR ASPRODEB et les Pëncs"). Il m’a fourni des pièces importantes du puzzle PSAOP-CNCR-ASPRODEB. Sa description des trois principales contraintes actuelles pour le développement d’un système d’information rural me semble précieuse ! et également inspirée a été son explication de l’espoir qu’il a pour le développement local au Sénégal.
Selon Amadou, les principales contraintes rencontrées dans la saga de développement des systèmes d’information ruraux au Sénégal sont, en ordre décroissant d’importance :
- le manque de structuration des OP, qui se fait sentir au moins à travers deux indicateurs : le manque d’indépendance des OP par rapport à des projets de développement spécifiques (budget et durée limités) – pas d’autonomie institutionnel –, et, en dépit des fonctions formelles distinctes dans l’organisation, la centralisation des informations et du pouvoir sur quelques élus – entraves à la circulation de l’information ;
- bas niveau de formation des agriculteurs, ce qui détermine un besoin en information adapté dans la forme (vocal si possible) et très simplifié dans le contenu ;
- problèmes d’infrastructure, à la fois en termes d’accès à la technologie, de coût d’utilisation et de fiabilité du service proposé.
Amadou garde néanmoins un très grand espoir par rapport au développement local au Sénégal, et il s’explique : il y a toute une nouvelle génération, des jeunes sénégalais bien formées, qui reprend l’intérêt par le développement rural, et commencent à rentrer en brousse pour servir de leadership local. Selon lui, tous les sénégalais ont une histoire liée à l’agriculture. Ceux qui sont venu en ville à la recherche d’opportunités y ont trouvé également des inconvénients de poids, comme des problèmes de sureté, de la délinquance – moins fréquents dans la zone rurale. On commence à relativiser l’idée selon laquelle le développement ne peut se faire qu’à l’intérieur des murs de la ville. Et quelques-uns, bien formés, rentrent chez eux et assurent le commandement du développement au niveau local. Amadou a rappelé que "on est toujours plus heureux chez soi", et m’a montré que cet attachement des personnes au monde rural, lié à des circonstances structurantes, comme la possibilité de suivre une bonne formation pour quelques-uns d’entre eux, engendre un nouveau souffle pour le développement rural sénégalais.
Finalement, Amadou m’a parlé d’un projet de l’ASPRODEB, encore en phase de conception, de mise en place d’une plateforme informatique d’échange entre les agriculteurs. Ils ont déjà un accord de principe de la part du ministère des technologies sénégalais pour le financement public aussi bien de l’infrastructure que des formations. L’objectif est l’échange d’information de marché des intrants, des produits agricoles, mais aussi des bonnes pratiques agricoles. Des synergies sont à étudier entre cette initiative et la plateforme e-agriculture.
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