Français: Blog sur la thèse de doctorat d'Eric Pasquati, dont le thème est l'appropriation des technologies de l'information et de la communication (TIC) par des agriculteurs ouest-africains.

English: Eric Pasquati's PhD concerning the appropriation of ICT by farmers in West Africa. Please, fell free to leave your comments in English.

Português: Tese de doutorado de Eric Pasquati sobre a apropriação das tecnologias da informação e da comunicação (TIC) pelos agricultores da
África do Oeste. Será um prazer discutir também em Português sobre o tema.

Español: Tesis de doctorado de Eric Pasquati sobre la
apropiación de las tecnologías de información y de la comunicación (TIC) por los agricultores del África de l'Oeste. Sientan la libertad de dejar también sus comentarios en español.

10 juil. 2008

Le CNCR, l'ASPRODEB et le PSAOP

Le CNCR (Centre National de Concertation et de Coopération des Ruraux) a été créé par la société civil (des institutions faitières) en 1992 comme instrument d'influence auprès du gouvernement, pour défendre les intérêts des producteurs dans la définition de politiques agricoles au Sénégal. Au fur et à mesure que l'influence du CNCR augmenté, le gouvernement a commencé à solliciter le CNCR du côte opérationnel, pour la mise en pratique des suggestions formulées. Or le CNCR avait été conçu comme une entité à vocation politique, caractère qu’il garde encore aujourd'hui.

Les mêmes institutions faitières fondatrices du CNCR créent donc en 1995 l'ASPRODEB (Association de Promotion du Développement à la Base), une ONG indépendante du CNCR dont l’objectif était de répondre au besoin d’exécution des propositions. Dès sa fondation, l’ASPRODEB compte un conseil d'administration et une agence d'exécution de projets (AGEP), cette dernière composée surtout de techniciens.

Passons donc à la question du système d’information. Le CNCR avait une stratégie de communication interne qu'incluait la création de centres d'information en zone rurale pour permettre une meilleure circulation des informations entre les instances administratives et la base (ce qui deviendrait plus tard les Pëncs). Il manquait, néanmoins, les ressources financières pour la concrétiser.

L'opportunité pour mettre en pratique ce plan est venue avec le projet PSAOP (Program des Services Agricoles et Organisations de Producteurs), financé par la Banque Mondiale. Le PSAOP comporte quatre composantes : recherche agricole, conseil agricole et rural, organisation des producteurs ruraux, et renforcement des services publics du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage. A la première phase du PSAOP, la gestion de la composante OP a été confié au CNCR, qui a pu mettre en œuvre la phase pilote des Pëncs : ils ont été installés dans 4 régions du pays.

Jusqu’à l’année 2000, le CNCR était la seule organisation représentative des paysans au niveau national au Sénégal. Avec le changement de gouvernement en 2000, les relations entre le CNCR et l’Etat se détériorent. Le nouveau gouvernement favorise la création d’autres institutions de représentation paysanne au niveau national. Depuis cette date six autres institutions du type ont été créées (avec le CNCR elles sont actuellement 7).

Même si ces autres institutions n’ont pas la représentativité qui possède le CNCR, comme le financement derrière le PSAOP est public (Banque Mondiale), les fruits du projet doivent être disponible à tous les agriculteurs, indépendamment de leur affiliation à une ou autre institution de représentation paysanne.

Ainsi, le CNCR, qui a conçu la stratégie de communication derrière les Pëncs et qui a eu la possibilité de la mettre en pratique grâce au financement de la Banque Mondiale, voit actuellement le contrôle de ce système d’information lui échapper. D’ailleurs, à la deuxième phase du PSAOP (de 2007 à 2011) c’est l’ASPRODEB qui est responsable par la gestion du budget de la composante OP, et qui, en conséquence, a pris le contrôle du réseau des Pëncs.

En effet, l’argent derrière le PSAOP est public, et il est raisonnable que les résultats du projet soient mis à disposition de tous les agriculteurs sénégalais, et non pas seulement de ceux affiliés à l’institution responsable par l’idéalisation du système. Il est néanmoins compréhensible que le CNCR ait du mal à accepter l’externalisation et la perte du contrôle sur un système d’information conçu en interne, surtout dans un paysage politique adverse. "Nous nous sommes prostitués" dit Marius Dia, du CNCR, faisant allusion au financement de la Banque Mondiale pour le développement des Pëncs.

Maintenant, le CNCR lance une opération de restructuration de son système d’information interne, indépendamment des Pëncs et du PSAOP (pour plus d’information voir article"Système d’information du CNCR" [à être publié bientôt]). Face à cette réaction, on pourrait craindre la mise en place d’un système parallèle aux Pëncs et donc un gaspillage de ressources au nom de rivalités politiques. Heureusement, comme ce projet lancé par le CNCR contemple seulement la formation des relais sur le terrain à l’utilisation des TIC, et non pas la mise en œuvre de l’infrastructure, il est possible qu’il vienne s’ajouter aux efforts du projet PSAOP dans le déploiement des Pëncs, et renforcer les synergies envisageables entre les deux initiatives. Ainsi on l’espère.

Sources : entretiens avec Marius Dia (CNCR) et Amadou Diop (ASPRODEB)

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