Tout Pënc est sensé compter avec un ordinateur, une connexion internet, un fax, une photocopieuse, un véhicule, un panneau d’affichage et une bibliothèque avec des documents en version papier. Il est piloté par le relais en communication, dont la mission originale, dans la première phase du projet PSAOP*, se limitait à la gestion du flux d’information, aussi bien descendant que montant, et à l’appui aux OP dans la conception et mise en forme de ses projets de développement, de façon que ceux-ci soient plus facilement éligibles aux financements disponibles dans la région.
Dans la deuxième phase du PSAOP, la mission des relais en communication a été élargie. S’ajoutent aux fonctions originales : la création d’une base de données sur les possibles financeurs pour des projets de terrain dans la région ; la publication d’un bulletin mensuel d’information ; et l’intermédiation avec les organes de presse. Cette dernière fonction est d’informer les journalistes à propos de la réalité rurale, des événements associatifs, et pour mettre en place des diffusions régionales d’information à travers les radios locales.
Le rôle principal du relais en communication est d’alléger les informations reçues et compilées avant la diffusion. Une fois que les utilisateurs potentiels ont en général un niveau de formation assez basique, cette étape de simplification est fondamentale pour faciliter la compréhension des messages. Le relais en information est un véritable filtre d’informations, et parfois il fait également des traductions dans les langues locales.
Les sources d’informations des relais en information sont nombreuses : les plateformes nationales, les élus aux différents niveaux institutionnels, les producteurs rencontrés lors des visites de terrain ou des passages des agriculteurs par le Pënc, en plus des bulletins d’information d’autres institutions. En théorie, le relais en communication utilise internet et les téléphones fixe et portable pour se communiquer avec ses sources, et les diffusions se font par le panneau d’affichage, des bulletins d’information, des emails, des émissions radio, et des déplacements dans les communautés rurales.
Au niveau des communautés rurales, le système compte de plus en plus avec d’autres personnes-relais, appelées les points focaux. Ces personnes sont en contact direct (téléphone et/ou email) avec le relais en communication responsable du Pënc de la région. Un des points de la réflexion actuelle à l’ASPRODEB*, responsable du réseau des Pëncs, c’est la motivation des points focaux, qui travaillent bénévolement pour assurer la circulation de l’information entre la base et les Pëncs. Sociologiquement parlant le rôle de porteur de l’information pourrait intégrer en soi une motivation importante : la reconnaissance sociale qui en découle. De toute façon, l’ASPRODEB et le CNCR réfléchisse ensemble à la motivation des points focaux, et une des pistes sont les formations à l’utilisation des TIC.
Les dépenses liées au fonctionnement du Pënc et le salaire du relais en communication entrent dans le budget de la composante OP du programme PSAOP. A titre indicatif, les dépenses avec internet et le téléphone fixe montent à approximativement 30 mille FCFA par mois, par Pënc.
Les informations données dans cet article sont plutôt de caractère "théorique"... dans la pratique les choses ne fonctionne pas toujours si bien. Comme exemple, les deux Pëncs visités n’avaient pas de connexion internet opérationnelle, soit parce qu’elle était carrément absente (Pënc de Matam), soit parce que elle ne fonctionnait pas depuis quelques mois (Pënc de Dakar). Pour avoir plus de détails sur l’activité d’un Pënc, voir les articles[à être publiés bientôt] "Visite au CRCR de Dakar" et "Visite au CRCR de Matam", aussi dans le libellé "sur le terrain".
Curiosité : dans la tradition locale "pënc" (mot Wolof) désigne l’endroit du village où les personnes se rencontrent, normalement en fin de journée, pour discuter sur tout et sur rien ; c’est un lieu d’échange d’informations commerciales, économiques, réglementaires, sociales, culturelles etc. Le mot a été repris de façon très astucieuse pour désigner les centres d'informations régionales à service des agriculteurs sénégalais.
* pour plus d’informations sur le CNCR, l’ASPRODEB et le programme PSAOP, qui finance la mise en œuvre des Pënc au Sénégal, voir l'article "Le CNCR, l’ASPRODEB et le PSAOP" publié le 10 juillet 2008.
Sources : entretien avec Marius Dia (CNCR), entretien avec Amadou Diop (ASPRODEB)
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