Dan Sperber commence son exposé par la présentation de la question, selon lui, la plus fondamentale de la communication humaine, à savoir :
"Comment je peux partager avec quelqu’un une pensée, un état mental, qui ne sort pas de ma tête ?"
Essayant de répondre à cette question, le modèle du code se base sur l’association entre sens et expressions et le partage d’un code commun entre l’émetteur et le récepteur. Ainsi, l’émetteur pourrait choisir des expressions du code qui correspondent au sens qu'il veut transmettre, ensuite verbaliser ces expressions, et le récepteur de son côté pourrait décoder les expressions pour retrouver les sens voulu.
Les langues humaines sont les codes les plus riches dont nous avons connaissance, mais force est de constater que les expressions du langage présentent des versions toujours ambigües et incomplètes du sens voulu par l’émetteur. Une grande partie de la communication humaine se fait de façon implicite, et donc non directement codé.
Une adaptation du modèle du code propose de garder le rôle fondamental du code en soi et de compléter le processus de compréhension par l’inférence. Dans ce cas il faudrait expliquer comment cette inférence a lieu…
Inversant le rapport entre le code et l’inférence, nous arrivons au modèle inférentiel de communication :
- l’émetteur produit un indice du sens voulu, cet indice peut ne pas exister en aucun code spécifique ;
- le récepteur infère le sens voulu à partir de l’indice et du contexte.
Ainsi, une expression linguistique serait un indice (particulièrement riche) mais elle ne consisterait pas en un encodage du sens voulu.
"On ne peut jamais encoder pleinement ce que l’on veut dire."
L’inférence du sens est possible chez les humains en raison d’une aptitude qui nous est propre (et qui, selon Sperber, serait la principale distinction de la pensée humaine par rapport aux autres animaux) : la capacité métareprésentationnelle. Il s’agit de la capacité de reconnaître dans l’autrui des états mentaux, des désirs, des croyances. Concevoir un sens voulu par l’émetteur est clairement une condition nécessaire à l’inférence qui permet la compréhension du message par le récepteur.
Le modèle inférentiel se base donc sur la capacité de métareprésentation des êtres humains et casse le lien entre communication et langage, imposé auparavant par le modèle du code. Sperber propose alors trois points de conclusion pour son exposé :
- "la communication humaine est un effet secondaire de la capacité d’attribuer des états mentaux à autrui [capacité métareprésentationnelle] ;
- la communication inférentielle est possible sans langage, mais grâce aux langages son pouvoir expressif est très augmenté ;
- le décodage du sens linguistique n’est qu’une étape de la découverte inférentielle du sens voulu".
* SPERBER, D. (2000). La communication du sens. Conférence donné le 19/02/2000 dans le cadre de l'Université de Tous les Savoirs, disponible sur Internet à l'adresse: http://www.canalu.com (consulté le 01/04/08).
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