Dans l’article Unité et diversité des cultures*, Dan Sperber utilise l’hypothèse de la modularité de l’esprit humain pour expliquer à la fois la diversité et la stabilité des cultures humaines.
Les modules seraient des prédispositions cognitives spécialisées du cerveau humain. Un module traite des informations (des inputs) spécifiques, qui respectent ou correspondent à certains critères.
"On peut citer comme exemples classiques de modules : la reconnaissance de visages, la peur du vide, l’attribution d’états mentaux à autrui, le décodage des énoncés, la lecture et l’écriture."
Sperber dit que la majorité des modules mentaux humains sont des modules d’apprentissage, et même si ils ont des bases innées, ils ne sont pas complètement innés : leurs formes matures dépendent du processus en soi d’apprentissage.
Sperber rappelle que les modules ont deux types de domaine d’activation :
- le domaine propre : l’ensemble des inputs qu’il a pour fonction de traiter ;
- le domaine effectif : l’ensemble des inputs qu’il traite effectivement.
Selon Sperber, le domaine effectif d’un module donné (p.ex. la reconnaissance de visages) peut être envahi par des inputs artificiels (p.ex. le maquillage). Or,
"(…) tandis que les inputs naturels des modules cognitifs ne varient que modestement d’un environnement à l’autre, différentes cultures peuvent produire des inputs artificiels qui varient énormément e qui néanmoins satisfont aux conditions d’input des mêmes modules."
Ainsi, d’un côté, l’existence même de modules cognitifs en tant que base commune entre les individus d’une société humaine expliquerait la stabilité des cultures.
De l’autre côté, la possibilité d’invasion du domaine effectif d’un module par des inputs artificiels et la grande variété des stimuli sociaux des différentes cultures expliqueraient la diversité culturelle.
* SPERBER, D. (2006). Unité et diversité des cultures. Article dans la revue Les Grands Dossiers de Sciences Humaines, n° 1.
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