Français: Blog sur la thèse de doctorat d'Eric Pasquati, dont le thème est l'appropriation des technologies de l'information et de la communication (TIC) par des agriculteurs ouest-africains.

English: Eric Pasquati's PhD concerning the appropriation of ICT by farmers in West Africa. Please, fell free to leave your comments in English.

Português: Tese de doutorado de Eric Pasquati sobre a apropriação das tecnologias da informação e da comunicação (TIC) pelos agricultores da
África do Oeste. Será um prazer discutir também em Português sobre o tema.

Español: Tesis de doctorado de Eric Pasquati sobre la
apropiación de las tecnologías de información y de la comunicación (TIC) por los agricultores del África de l'Oeste. Sientan la libertad de dejar también sus comentarios en español.

12 mai 2009

Article - Kiyindou, 2000

Auteur : Alain Kiyindou
Titre : Culture et appropriation de l'information générale et spécialisée en milieu rural africain
dans: Hermes
Année : 2000

quelques morceaux de l'article:

"L'appropriation dépasse donc la simple offre, la réponse à une demande d'information, mais elle devient construction, adaptation en fonction des besoins de l'individu, faite par l'individu lui-même. Cette adaptation s'étudie à travers les usages de l'information générale et spécialisée. En effet, l'appropriation est liée à l'usage de l'information, un usage qui dépend principalement de deux critères à savoir l'accessibilité et la validité de l'information, ce que Le Coadic définit à travers les concepts d'usabilité et d'utilité." (p.234)

"L'appropriation n'est donc pas la simple acquisition, mais une nouvelle expression de l'information dans laquelle se combinent créativité et adaptabilité. C'est à ce niveau qu'on parle du récepteur inventeur qui aujourd'hui ne se situe plus à la fin du processus de communication, mais qui en est le coeur même. (...) L'appropriation doit donc être replacée dans un contexte, c'est-à-dire qu'il faut tenir compte de la réalité socioculturelle dans l'analyse qui en est faite et surtout la considérer comme l'aboutissement d'un jeu d'acteurs avec chacun sa stratégie, un jeu dont la règle n'est en aucun cas dictée par le détenteur du savoir." (p.234)

"En ce qui concerne l'offre d'information en milieu rural africain, on peut constater qu'elle s'articule autour de trois axes principaux à savoir l'information agricole, l'information pour la santé et l'information pour la protection de l'environnement. (...) l'accès à toutes ces informations ainsi que leur usage restent influencés par un certain nombre d'éléments liés à la culture des destinataires." (p.235)

"Une information influencée par un certain nombre d'éléments culturels parmi lesquels figurent les codes sociaux, le magico religieux, l'attachement à la vie et les pratiques courantes." (p.236)

Parmi les codes sociaux, Kiyindou identifie les règles liées à la politesse et les règles de profération de la parole. Les codes de politesse s'appliquent notamment au salut, au regard, au silence.

"En ce qui concerne la profération de la parole, on peut constater que dans les sociétés africaines, celle-ci est régie par des conditions sociales et écologiques. En effet, la parole étant une force, sa pratique sociale doit être règlementée. Ainsi, de nombreuses zones de discours sont réservées à certaines catégories d'individus." (p.236)

"À côté de ces codes de politesse et de courtoisie existent des conditions écologiques de profération de la parole. Cela signifie qu'il y a des paroles, des mots qui ne peuvent pas être utilisés dans certaines circonstances." (p.237)

Et Kiyindou parle aussi de la question de l'analphabétisme:

"le fait que la diffusion de nouvelles techniques culturales ne se fasse pas toujours en langue maternelle est une difficulté de plus pour les paysans africains." (p.237)

et du conséquent seuil d'acceptabilité des informations:

"(...) l'analphabétisme est aussi à l'origine de nombreux phénomènes de réductions observées à ce sujet. En effet, quand l'information dépasse ce qu'on pourrait appeler le seuil d'acceptabilité, il y a application de mécanismes de réduction, simplification et généralisation par perte de détails. Un message trop complexe, trop riche en information tombe sous le coup de la simplification. Plus le message est riche en informations, et plus la perte est grande." (p.237-8)

Ensuite Kiyindou parle de l'importance du magico-religieux dans la vie des communautés rurales africaines. Les ancêtres, par exemple, sont très respectés et sont considéré avoir des pouvoir sur le monde sensible. Ce pouvoir ne se manifesterait à faveur des vivants si le laisse espace pour se déployer. Ainsi le réfu à l'objectivité viendrait de la préoccupation de garder l'incertitude pour laisser marge à la manifestation du mystérieux:

"(...) les ancêtres ont la possibilité de fructifier les récoltes, de multiplier les poissons, les animaux, les fruits... à la seule condition que cela reste mystérieux. Ils évitent donc d'intervenir sur des produits déjà comptés. Ainsi, les champs dont la surface a été mesurée ne verront pas celle-ci s'agrandir, la récolte dont les produits ont été comptés ne verra pas leur nombre augmenter par la volonté des ancêtres. Le magico religieux explique donc en partie le rejet de l'information spécialisée qui par nature est fait de chiffre, impose des calculs, des dosages, des mesures." (p.238)

Kiyindou parle ensuite du "refus de l'incertitude", comme des stratégie sécuritaires liées à l'attachement à la vie. Je me demande s'il ne s'agirait plutôt d'un réfu du changement, basé dans la peur de l'inconnu, de ce qui n'a pas encore été comprouvé par l'expérience. Kiyindou dit que:

"Les sociétés rurales africaines intègrent les apports extérieurs avec beaucoup de prudence."(p.239)

et que de refus "de l'incertitude" serait aussi caractérisé par un "attachement aux structures traditionnelles" (p.239).

Enfin, Kiyindou de la valeur sociale des informations et son influence sur la pertinence de ces informations:

"(...) l'intérêt des populations pour une information donnée varie selon le bénéfice que lui apporte celle-ci. Ainsi le consommateur est avant tout friand d'une information utile c'est-à-dire, celle qui peut lui permettre de faire face à la vie de tous les jours. Cette information doit donc être attractive, crédible, originale et durable. En milieu rural africain, une information est d'autant plus pertinente que la valeur sociale du produit dont elle traite est grande. (...) La valeur accordée à un arbre, à un animal, explique en partie l'intérêt accordé à l'information le concernant ou encore l'indifférence des populations par rapport à cette information." (p.240)

Pour finir:

"Les interventions pour le développement rural mettent en exergue l'importance des facteurs culturels dans l'appropriation de l'information. En effet, si la plupart des discours reconnaissent la nécessité d'une information adaptée aux capacités des utilisateurs, dans la pratique, celles-ci semblent ignorées par les concepteurs des programmes d'information." (p.241)

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