Français: Blog sur la thèse de doctorat d'Eric Pasquati, dont le thème est l'appropriation des technologies de l'information et de la communication (TIC) par des agriculteurs ouest-africains.

English: Eric Pasquati's PhD concerning the appropriation of ICT by farmers in West Africa. Please, fell free to leave your comments in English.

Português: Tese de doutorado de Eric Pasquati sobre a apropriação das tecnologias da informação e da comunicação (TIC) pelos agricultores da
África do Oeste. Será um prazer discutir também em Português sobre o tema.

Español: Tesis de doctorado de Eric Pasquati sobre la
apropiación de las tecnologías de información y de la comunicación (TIC) por los agricultores del África de l'Oeste. Sientan la libertad de dejar también sus comentarios en español.

1 août 2008

Visite à l’AProCA, entretien avec Komonsira Dioma

Avec : Komonsira Dioma, responsable communication à l'AProCA
Quand : le 23 juin 2008
Où : au siège de l'AProCA (Association des Producteurs de Coton Africains), Bamako, Mali
Objet : le système d'information de l'AProCA

Dans cet agréable entretien, notre ami Dioma nous a parlé du système d'information de l'AProCA et des principaux enjeux pour le développement d'une plus grande intégration entre les différents niveaux institutionnels des organisations professionnels de producteurs de coton. Il a tout d'abord parlé du circuit de l'information (collecte, traitement, diffusion, retro-alimentation) entre l'AProCA et les plateformes nationales de producteurs de coton. Ensuite il a exposé l'effort de l'AProCA pour le renforcement des systèmes nationaux d'information et il a parlé du rôle fondamental du téléphone dans les communications internes. Pour finir il a fait une réflexion sur l'importance et les conditions préalables d'une bonne communication au sein de la profession agricole.

Commençant donc par le circuit de l'information chez AproCA, Dioma m'a dit que, en termes de collecte d'informations, il conduit des veilles biotechnologique, politique et commerciale essentiellement par internet. Ces veilles se basent sur des expressions de recherche systématiques (comme "coton", "politique agricole", "subvention agricole", "négociation commerciale OMC", etc.) et des demandes spécifiques venant de la direction des plateformes nationales. Les principales sources d'information sont:
  • des sites d'instituts de recherche, comme le CORAF (Conseil Ouest et Centre Africain pour la recherche et le développement agricole);
  • des sites d'institutions sous-régionales, comme l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale);
  • des news letters, comme celles d'Oxfam, d'Ideas et de la CEDEAO; ainsi que
  • de la presse sur internet.

En ce qui concerne le traitement des informations, Dioma m'a dit qu'il fait de retranscriptions des informations qui lui semblent plus importantes en utilisant un langage aussi basic que possible pour faciliter la compréhension par les utilisateurs potentiels. Sa mission dans cet aspect est de résumer et de simplifier les messages. Les informations sont diffusées en Français et en Anglais (pour le Ghana, la Gambie et la Guinée Bissau) au même moment. Il y a également un projet de traduction en langues locales de quelques documents fondamentaux, comme le "Guide de bonnes pratiques face à la libéralisation".

Les principaux canaux de diffusion sont la news letter et le site de l'AProCA, et aussi les emails. Ces derniers sont utilisés pour la communication tout court évidemment, mais aussi pour diffuser des résumés des news letters et les informations administratives. Pour l'instant Dioma n'a pas les moyens de s'assurer que les news letters arrivent aux producteurs. Les interlocuteurs de l'AProCA sont les unions nationales et la diffusion des informations au sein de chaque plateforme dépend essentiellement de leurs dynamismes respectifs. Après 2006, quand une enquête sur les besoins en information des agriculteurs a été réalisée, des cellules d'information ont été établies en annexe à la direction de chaque plateforme nationale: ce sont les "points focaux". Ces points focaux sont constitués d'un technicien et de deux producteurs (élus dans le cadre de l'organisation professionnelle). Les producteurs ont un rôle de validation par rapport aux messages qui circulent dans le système et les besoins des producteurs. Selon Dioma, cette configuration vise à "éviter que cela ne soit une affaire de techniciens".

La remontée d'informations (depuis les plateformes nationales vers l'AProCA) se fait à la demande pour des questions spécifiques ou, même que moins fréquemment, de façon spontanée. Dioma a donc témoigné de la grande hétérogénéité de réactivité des plusieurs points focaux. Selon lui, un des facteurs explicatif est la nature de l'embauche des personnes liées aux points focaux. Ainsi, dans les diverses plateformes, les personnes intégrant les points focaux sont des salariés ou des personnes mises à disposition par d'autres institutions. Selon Dioma, en générale, la motivation et réactivité des salariés sont supérieures à celles des personnes mises à disposition.

Les principales dépenses de l'AProCA en termes de communication sont le téléphone, la connexion internet et l'hébergement du site de l'association*. Le téléphone a un rôle très important dans la communication institutionnelle du réseau AProCA. Il est utilisé, par exemple, pour la confirmation de réception de messages électroniques, mais aussi, et principalement pour la communication avec les élus, qui n'utilisent encore que très peu la messagerie électronique. La communication entre les techniciens s'est fait davantage par email. Dioma a exprimé sa volonté d'explorer des nouveaux moyens de communication, notamment basé sur internet. Ainsi, il compte promouvoir l'utilisation de logiciels de messagerie instantanée et de voix sur IP, comme Skype, par exemple.

Depuis quelques années l'AProCA fait un effort pour renforcer les systèmes nationaux d'information, des diverses plateformes. La mise en place des points focaux, en fin 2006, représente le premier volet de cet effort. Le deuxième volet est celui de la formation: des sessions de formation pour toutes les personnes travaillant dans les points focaux ont été organisées entre septembre et octobre 2007; ces formations concernaient des techniques d'information et de communication, et également de maîtrise du cycle de l'information, à savoir l'enchaînement évolutif des activités d'identification de besoins, de collecte, de traitement, et de diffusion d'informations. Un troisième volet correspond au renforcement en termes d'équipements: en mai 2008 trois plateformes nationales (Sénégal, Benin et Cameroun) ont été équipés avec des ordinateurs complets fournis par l'AProCA.

Enfin, Dioma m'a parlé de l'importance de la communication au sein des institutions professionnelles agricoles de la filière cotonnière africaine, et les conditions préalables à son développement. Selon lui, l'accès à l'information est important non seulement pour appuyer la prise de décision par les agriculteurs (aspect économique) mais aussi pour engendrer une plus grande participation des producteurs aux activités de l'organisation professionnelle (aspect institutionnel). Ainsi, l'échange d'informations tend à renforcer les liens entre les membres de l'OP, ce qui facilite l'évolution de la gouvernance au sein de l'institution. Dioma nous rappelle que, participant aux échanges d'informations, "le producteur se sent impliqué", ce qui développe le sentiment d'appartenance à l'organisation. Et on sait combien ce dernier est fondamental pour le succès et la durabilité d'une institution.

En ce qui concerne les conditions préalables au développement d'un système de communication efficace, Dioma a été un de plus à réaffirmer la priorité de la structuration des organisations professionnelles agricoles. Selon lui, indépendamment des outils technologiques utilisés, la communication est une caractéristique résultante de la bonne structuration d'une organisation professionnelle. La technologie est là, selon lui, seulement pour rendre la communication plus rapide et fréquente.

* Il y a encore de dépenses sporadiques pour la production de contenu, surtout par des contrats avec des journalistes, pour la couverture d'évènements spécifiques.

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