Quand : le 19 juin 2008
Où : au CRCR de Matam (Centre Régional de Coopération et de Concertation des Ruraux), Sénégal
Objet : le Pënc du CRCR de Matam
Le relais en communication du Pënc de Matam est quelqu'un de très dynamique, avec plein d'idées de comment développer la communication entre les divers acteurs de terrain, mais il a à sa disposition très peu de ressources. Il se dit un relais entre les porteurs de projets (OPs, organisées dans les CLCOP) et les partenaires pour le développement.
Comme il n'y a pas encore de connexion internet au Pënc de Matam, Monsieur Bocoum est obligé de se déplacer pour recueillir les informations des projets de développement et les offrir dans la suite aux producteurs que viennent vers lui ; "on va vers l'information", il me dit. Les déplacements sont à sa charge. Pour rester en contact via internet avec le siège de l'ASPRODEB ou avec ses pairs, il doit aller à un cybercafé, et payer lui-même la connexion (300 FCFA par heure), ou dans les bureaux d'autres projets de développement de la région – c'est le cas de l'ANCAR (l'Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural, aussi partie du projet PSAOP financé par la Banque Mondial) qui, grâce à la bonne volonté des responsables à Matam, permet que Monsieur Bocoum vienne consulter sa boîte email gratuitement de temps en temps. Une clé USB est utilisée pour assurer le transfert des données entre le poste du Pënc (sans connexion) et le cybercafé ou les postes de l'ANCAR.
Dans le circuit de l'information, des contacts informels avec les techniciens de l'ANCAR ont un rôle important. Ces techniciens sont en contact direct avec les CLCOP et donc avec les producteurs. Dès qu'ils viennent à Matam, ils passent voir le relais en communication pour donner des nouvelles et recueillir des informations à transmettre aux producteurs. C'est une complicité informelle entre le relais en communication et les techniciens de l'ANCAR, une dynamique créée par eux-mêmes, par laquelle ils essaient d'augmenter la fluidité de l'information dans les deux sens, montant et descendant. Ainsi, si le relais en communication a besoin d'informer un CLCOP donné, il va d'abord à l'ANCAR et demande s'il y a des techniciens liés au CLCOP en question qui vont passer par Matam, ou pour prendre leurs numéros de téléphone.
Lancé en novembre 2007, le Pënc de Matam compte parmi ses activités et produits:
- dépliant de présentation du CRCR
- bulletin d'information mensuel
- organisation de la participation des groupements à des événements régionaux et nationaux (comme la journée régionale paysanne de la région de Matam en décembre 2007, et la FIARA 2008, la Foire Internationale de l'Agriculture et des Ressources Animales, à Dakar)
- mise en place d'un forum de discussion régional entre les membre avec accès à internet
- impressions de documents (pour les membres, 25 FCFA la page ou 15 FCFA si la personne apporte du papier)
- information générales (comme sur la procédure d'ouverture d'un compte dans une mutuelle d'épargne et de crédit)
Il y a également un plan de diffusion d'informations par la radio, mais le financement n'est pas encore libéré. Une comparaison des radios de la région a été faite, la radio a été choisie et un contrat de 7 mois établi pour des émissions mensuelles de 45 minutes. Il ne manque plus que l'argent.
Les principales sources d'information sont:
- la base (exemple: information sur un recrutement de la FONGS, une des sociétés faitières membre du CNCR, dans ce cas, des membres de la FONGS se sont déplacé et ont laissé des dossiers de candidature pour le poste dans le Pënc)
- ASPRODEB (échange de fichiers avec google docs)
- bulletin hebdomadaire de la Coopération Suisse
- bulletin hebdomadaire Agrinfo (abonnement payé par l'ASPRODEB)
- direction régionale de l'agiculture (état)
Par rapport au traitement de l'information avant diffusion, le relais en communication dit que l'information est toujours résumée, et parfois traduite, par lui-même, dans la langue locale (le Poulard). Ainsi, par exemple, chaque numéro du bulletin mensuel contient des petits articles en Poulard.
Monsieur Bocoum pense qu'avec l'accès à internet dans le Pënc les possibilités vont se démultiplier, surtout en termes d'échange avec les partenaires. Il pense également que la formation des producteurs à l'utilisation des outils informatique est importante, mais il regrette le manque d'intérêt des membres (normalement les producteurs les plus âgés). Le contact des producteurs avec la machine au Pënc de Matam reste très réduit. Le service de formation (assuré par le propre relais en communication) n'est pas encore proposé aux jeunes du village, mais Monsieur Bocoum est sûr que beaucoup d'entre eux seraient intéressés.
Une impression par rapport au dynamisme des Pëncs: il dépend énormément de la motivation du relais en communication. Et cette motivation, on pourrait le dire, ne vient pas du salaire qu'ils reçoivent: Monsieur Bocoum avoue être prêt à prendre la première opportunité qui apparaisse avec une meilleure rémunération.
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