Titre : Evaluation des politiques d’intelligence territoriale : la contribution de quatre opérations pionnières dans le secteur de l’industrie de la connaissance.
Intervention dans le colloque "L'évaluation des politiques publiques en Europe : Cultures et futurs", session A : Evaluation des politiques de recherche, innovation et compétitivité, au Parlement Européen - Strasbourg, 3 et 4 juillet 2008
Année : 2008
Mots clés : intelligence territoriale, développement local, cognition, représentation symbolique, bien commun, opinion publique
Dans cet article, Jacques Perriault développe six notions liées à la dimension sociocognitive de l'intelligence territoriale: l'industrie de la connaissance, l'investissement sociocognitif, l'investissement symbolique, le bien commun, le couplage entre économie et culture, et l'opinion publique. Il illustre ces notions par des exemples de projets concrets dans la décennie 1990-2000. Je ne fais ici que souligner quelques passages indiquant l'importance de ces notions dans le déploiement de projets de développement local avec d'approches remontantes, et en particulier avec l'utilisation de technologies numériques. Je vous invite à lire l'article (qui fait seulement 6 pages), il est disponible ici.
Voici donc quelques points intéressants:
Citant la différence historique des approches français et anglo-saxon sur la relation entre le monde intellectuel et la technique, Perriault montre comment le terme "industrie de la connaissance" a influencé positivement l'évolution des activités du Centre National d'Enseignement à Distance. Le message ici est: "le choix des mots joue un rôle important dans l'intelligence territoriale, comme facteur de compréhension du projet et d'adhésion de la population." (p. 2)
La dimension sociocognitive est fondamentale dans un projet de développement car elle concerne la question des mentalités des acteurs, et donc de leur adhésion conscient au projet. Appliquant des concepts de Jean Piaget au développement local, le territoire peut être défini comme une entité susceptible d'apprendre, c'est-à-dire, "d'enclencher un processus d'apprentissage dont les habitants sont les acteurs" (p. 3). Citant l'exemple de projets de redémarrage économique de quelques vallées de Suisse italienne, Perriault nous dit que "les équipes sur le terrain chargés de la réflexion sur le développement sont constituées principalement par des habitants" (p. 3). L'objectif est de faire réfléchir la population sur une longue durée, "de façon à qu'elle arrive à considérer autrement l'espace dans lequel elle vit" (p. 3), lui attribuant un autre sens.
L'investissement symbolique, de son côté, se justifie car le symbole est un point de repère pour la construction et le maintien du sens d'un projet de développement donnée. "Le symbole joue un rôle déterminant dans le développement local, car il stabilise de façon durable le repérage du sens qui lui est donné dans un territoire, à une époque et dans un contexte" (p 3).
"(…) en matière de développement local, l'investissement se réparti en investissement économique, en investissement sociocognitif et en investissement symbolique. Contrairement au premier, le deuxième et surtout le troisième, le symbolique, ne coûtent pas cher. Il fonctionne comme catalyseur de l'investissement économique." (p. 4)
Sur le bien commun, Perriault dit qu'il "n'est pas défini par une loi ou par une norme; c'est un processus qui va du bas vers le haut, qui suppose le débat et la délibération au regard de ce qui semble juste et bien à la communauté" (p. 4). Dans ce contexte, on met en évidence aussi bien l'expérience individuelle de chacun et le processus d'établissement d'un consensus. Ainsi, Perriault nous dit: "gouverner en fonction du bien commun, c'est mettre en place une structure cognitive susceptible de créer de nouveaux concepts, de nouvelles idées en prenant en compte la plus value des différences individuelles" (p. 4). L'auteur parle encore de l'importance de l'implication de l'élu pour motiver la participation de la population dans la détermination du bien commun. "Le rôle de l'élu apparaît comme irremplaçable: il suscite la confiance de la population dans le succès de son projet, car il le porte, il le soutient auprès des autorités territoriales" (p. 5).
Même si l'opinion publique locale sur un projet est toujours présente en toile de fond, son influence est souvent sous-estimée. Perriault dit qu'elle est difficile à saisir car elle est souvent "latente et diffuse". Pour l'enquêter il faut: "la considération du terrain dans sa globalité, car il est impossible de déterminer a priori quels sont les leaders d'opinion qui vont jouer un rôle actif dans sa construction", et qu'elle conduise l'enquêteur "à comprendre comment fonctionnent les modifications d'opinion" (p. 6).
En conclusion, et à propos de l'appropriation des techniques numériques par la population dans des projets auxquels il a participé, Jacques Perriault dit que le début d'une pratique modifie sensiblement l'état de l'opinion, donc il vaut mieux faire attention à l'opinion publique dès le démarrage du projet. Selon lui, la "pratique de la machine (…) constitue un événement symbolique fort, dont le message est l'accès à la modernité" (p. 6). Sur l'enquête d'évaluation, il dit qu'elle doit considérer tous les "lieux susceptibles de produire de l'opinion" et s'attacher "aux modalités sociocognitives et symboliques qui rendent le changement acceptable" (p. 6).
Voici un ensemble de considérations à prendre en compte tout au long de l'accompagnement du projet de structuration d'un système d'information agricole en Afrique de l'Ouest dans le cadre de notre thèse.
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