Titre : L'Afrique sait ce qu'elle est
dans: Afrique ambiguë
Maison d’édition : Plon
Année : 2008
Mots clés : Afrique, incompréhension par l'occident
Dans cette préface de l'édition de 2008 de l'Afrique ambiguë, l'anthropologue français Georges Balandier parle de la méconnaissance de l'occident par rapport à l'Afrique, et des conséquentes erreurs d'interprétation du contexte africain.
"L'Afrique, elle, sait ce qu'elle est. Elle l'a toujours su, mais nous en Occident, et beaucoup d'autres aussi, avons simplifié sa complexe réalité, ignoré sa force d'être et de maintenir ce qu'elle est, par notre incapacité peut-être, par paresse et calcul surtout." (p.I)Pour Balandier, s'il y a encore des situations inacceptables, il y a aussi des processus de changement vers la démocratie, le développement, la reconnaissance des droits de l'homme…
Je voudrais seulement souligner un passage que me semble particulièrement parlant sur l'incompréhension du contexte africain par les occidentaux et l'insistance sur un modèle d'assistance venant de l'extérieur, comme si des solutions locales ne pouvaient pas émerger. Parlant du cas de "L'Arche de Zoé" qui "a prétendu évacuer en France une centaine d'"orphelins du Darfour", destinés à des familles d'accueil qui ont contribué financièrement à l'opération" (p.IX), Balandier dit que
cette affaire "manifeste la méconnaissance des rapports sociaux africains, des symboles et pratiques que les expriment, elle montre le maintien d'une imagerie qui fait accroire aux gens que les remèdes à une supposée incapacité africaine doivent nécessairement venir "du dehors"" (p.X)Il cite la conclusion de Régis Debray sur ce type de dérive humanitaire:
pour meilleur, une charité sans frontières, pour le pire, "l'insouciance de ce qui fait que l'autre est un autre, et non pas le faire-valoir de notre suréminence." (p.X)